I... comme Incubation : d'où viennent les idées ? Les fulgurances des mathématiciens
Par Annie Longeot | Le 17/10/2015
En complément de mon billet sur l'incubation, j'aimerais vous faire découvrir ou redécouvrir des extraits de l'émission "La conversation scientifique" du 5 septembre sur France Culture, intitulée "Comment cela se fait-il, les mathématiques ?" (A podcaster ici)
Dans cette émission d'une heure, Etienne Klein et Cédric Villani abordent ces moments merveilleux où l'inspiration jaillit, et lit des textes où Ampère, Gauss et Einstein décrivent cet "instant d'Eureka". C'est passionnant.
Entre 38'26 et 42'59 : des descriptions de fulgurance
André-Marie Ampère explique : "le 28 avril 1802, j'ai poussé un cri de joie. Il y avait 7 ans que je m'étais proposé un problème (...) lorsque tout à coup, par chance, une solution (m'est apparue) que je savais correcte sans savoir le prouver. "
De même Gauss décrit : "enfin il y a deux jours j'ai réussi non à force de grand labeur mais pour ainsi dire parla grâce de Dieu ; comme un éclair brusque, l'énigme s'est résolue. " Pour ma part je suis incapable de dire quel sorte de fil reliait ce que je savais antérieurement à ce qui a rendu possible mon succès".
Enfin Cédric Villani raconte avoir jeté l'éponge au milieu de la nuit après avoir énergiquement peiné sur un théorème. C'est au matin, au moment où, encore à moitié endormi, il pense à amener ses enfants à l'école qu'"une voix dans sa tête résonne et dit : il faut prendre le deuxième terme le faire passer de l'autre côté (...) et c'était ça la solution..."
Ce processus n'est pas encore explicable mais, comme le fait remarquer Cedric Villani, ce "Moment Eureka" vient de l'intérieur de chacun et ne semble pas influencé par l'environnement (apparemment il ne semble pas y avoir de baignoire, de pomme ou d'autre élément extérieur venant stimuler l'arrivée de l'idée.)
Il faudrait donc lâcher prise et surtout écouter ses voix intérieures quand elles prennent la parole.
Ses voix ou ses images ou ses sens...
A 46'37, Einstein explique que son processus créatif ne passe pas par le langage
Un peu plus loin dans l'émission, c'est Einstein qui décrit dans une lettre à quel point ses intuitions mathématiques se passent du langage : "les mots et le langage écrit ou parlé en semblent pas jouer le moindre rôle dans le mécanisme de ma pensée (...) Les éléments primordiaux de ma pensée, avant que les mots n'interviennent, semblent être de type visuel ou musculaire ou gestuel. Je pense avant les mots avec mon corps en mettant en scène mon corps."
Ce n'est qu'une fois les intuitions perçues de façon visuelle et/ou kinestésique qu'il faudra les formaliser en langage mathématique.
On voit ici à quel point les liens entre les différents sens, entre les différents états (conscient et inconscient) sont importants dans le processus de créativité.
Merci à Etienne Klein et Cédric Villani pour ces moments de grâce.
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